O! combien le péril enrichirait les dieux,
Si nous nous souvenions des
vœux qu'il nous fait faire!
Mais le péril passé, l'on ne se souvient guère
De ce qu'on a promis aux
Cieux;
On compte seulement ce qu'on doit à la terre.
« Jupiter, dit l'impie, est un bon créancier;
Il ne se sert jamais d'huissier.
- Eh! qu'est-ce donc que le tonnerre?
Comment appelez-vous ces avertissements? »
Un passager! pendant l'orage,
Avait voué cent bœufs au vainqueur des
Titans.
Il n'en avait pas un : vouer cent éléphants
N'aurait pas coûté davantage.
Il brûla quelques os quand il fut au rivage:
Au nez de Jupiter la fumée en monta.
« Sire Jupin, dit-il, prends mon vœu; le voilà :
C'est un parfum de bœuf que ta grandeur respire.
La fumée est ta part: je ne te dois plus rien. »
Jupiter fit semblant de
rire;
Mais, après quelques jours, le dieu l'attrapa bien,
Envoyant un songe lui
dire
Qu'un tel trésor était en tel lieu. L'homme au vœu
Courut au trésor
comme au feu.
Il trouva des voleurs; et n'ayant dans sa bourse
Qu'un écu pour toute
ressource,
Il leur promit cent talents d'or,
Bien comptés et d'un tel
trésor:
On l'avait enterré dedans telle bourgade.
L'endroit parut suspect aux voleurs; de façon
Qu'à notre prometteur l'un
dit: « Mon camarade,
Tu te moques de nous; meurs et va chez Pluton
Porter tes cent talents en
don. »
Livre IX, Fable XIII
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