Avec grand bruit et grand fracas
Un torrent tombait des
montagnes:
Tout fuyait devant lui; l'horreur suivait ses pas;
Il faisait trembler les
campagnes.
Nul voyageur n'osait
passer
Une barrière si puissante
:
Un seul vit des voleurs; et, se sentant presser,
Il mit entre eux et lui cette onde menaçante.
Ce n'était que menace et bruit sans profondeur:
Notre homme enfin n'eut
que la peur.
Ce succès lui donnant
courage,
Et les mêmes voleurs le poursuivant toujours.
Il rencontra sur son
passage
Une rivière dont le
cours,
Image d'un sommeil doux, paisible et tranquille,
Lui fit croire d'abord ce trajet fort facile :
Point de bords escarpés, un sable pur et net.
Il entre; et son cheval
le met
A couvert des voleurs, mais non de l'onde noire:
Tous deux au Styx
allèrent boire;
Tous deux, à nager
malheureux,
Allèrent traverser, au séjour ténébreux,
Bien d'autres fleuves que
les vôtres.
Les gens sans bruit sont
dangereux:
Il n'en est pas ainsi des
autres.
Livre VIII, Fable XXIII
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