Jean de la Fontaine
Une fable au hasard


 
Le Serpent et la Lime

On conte qu'un serpent, voisin d'un horloger
(C'était pour l'horloger un mauvais voisinage),
Entra dans sa boutique, et, cherchant à manger,
           N'y rencontra pour tout potage
Qu'une lime d'acier, qu'il se mit à ronger.
Cette lime lui dit, sans se mettre en colère :
     « Pauvre ignorant! et que prétends-tu faire?
          Tu te prends à plus dur que toi.
          Petit serpent à tête folle,
          Plutôt que d'emporter de moi
          Seulement le quart d'une obole,
          Tu te romprais toutes les dents.
          Je ne crains que celles du temps. »

Ceci s'adresse à vous, esprits du dernier ordre,
Qui, n'étant bons à rien, cherchez sur tout à mordre.
          Vous vous tourmentez vainement.
Croyez-vous que vos dents impriment leurs outrages
               Sur tant de beaux ouvrages?
Ils sont pour vous d'airain, d'acier, de diamant.

Livre V, Fable XVI

envoyez vos commentaires pas encore de commentaire
version à imprimer dans une nouvelle fenêtre





   ·   contact  · les arbres · European trees · voyages · 1500chansons · 1600 poèmes
Cette page a mis 0.1 s. à s'exécuter -
Conception© 2006 - www.lespassions.fr