Du rapport. d'un troupeau, dont il vivait sans soins.,
Se contenta longtemps un voisin d'Amphitrite
Si sa fortune était
petite,
Elle était sûre tout au
moins.
A la fin, les trésors déchargés sur la plage
Le tentèrent si bien qu'il vendit son troupeau,
Trafiqua de l'argent, le mit entier sur l'eau.
Cet argent périt par
naufrage.
Son maître fut réduit à garder les brebis,
Non plus berger en chef comme il était jadis,
Quand ses propres moutons paissaient sur le rivage :
Celui qui s'était vu Coridon ou Tircis
Fut Pierrot, et rien
davantage.
Au bout de quelque temps il fit quelques profits,
Racheta des bêtes à
laine;
Et comme un jour les vents, retenant leur haleine,
Laissaient paisiblement aborder les vaisseaux:
« Vous voulez de l'argent, ô Mesdames les Eaux,
Dit-il; adressez-vous, je vous prie, à quelque autre:
Ma foi! vous n'aurez pas
le nôtre. »
Ceci n'est pas un conte à plaisir inventé.
Je me sers de la vérité
Pour montrer, par
expérience,
Qu'un sou, quand il est
assuré,
Vaut mieux que cinq en
espérance;
Qu'il se faut contenter de sa condition;
Qu'aux conseils de la mer et de l'ambition
Nous devons fermer les
oreilles.
Pour un qui s'en louera, dix mille s'en plaindront.
La mer promet monts et
merveilles :
Fiez-vous-y; les vents et les voleurs viendront.
Livre IV, Fable II
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