Je ne suis pas de ceux qui disent: « Ce n'est rien,
C'est une femme qui se
noie. »
Je dis que c'est beaucoup; et ce sexe vaut bien
Que nous le regrettions, puisqu'il fait notre joie.
Ce que j'avance ici n'est point hors de propos,
Puisqu'il s'agit
en cette fable,
D'une femme qui dans les
flots
Avait fini ses jours par un sort déplorable.
Son époux en cherchait le
corps,
Pour lui rendre, en cette
aventure,
Les honneurs de la
sépulture.
II arriva que sur les
bords
Du fleuve auteur de sa
disgrâce
Des gens se promenaient ignorant l'accident.
Ce mari donc leur
demandant
S'ils n'avaient de sa femme aperçu nulle trace:
« Nulle, reprit l'un d'eux; mais cherchez-la plus bas;
Suivez le fil de la
rivière. »
Un autre repartit: « Non, ne le suivez pas;
Rebroussez plutôt en
arrière :
Quelle que soit la pente et l'inclination
Dont l'eau par sa course
l'emporte,
L'esprit de contradiction
L'aura fait flotter
d'autre sorte. »
Cet homme se raillait assez hors de saison.
Quant à l'humeur
contredisante,
Je ne sais s'il avait
raison;
Mais que cette humeur
soit ou non
Le défaut du sexe et sa
pente,
Quiconque avec elle
naîtra
Sans faute avec elle
mourra,
Et jusqu'au bout
contredira,
Et, s'il peut, encor
par-delà.
Livre III, Fable XVI
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