Jean de la Fontaine
Une fable au hasard


 
Le Cygne et le Cuisinier

  Dans une ménagerie
               De volatiles remplie
               Vivaient le cygne et l'oison:
Celui-là destiné pour les regards du maître;
Celui-ci, pour son goût : l'un qui se piquait d'être
Commensal du jardin; l'autre, de la maison.
Des fossés du château faisant leurs galeries,
Tantôt on les eût vus côte à côte nager,
Tantôt courir sur l'onde, et tantôt se plonger,
Sans pouvoir satisfaire à leurs vaines envies.
Un jour le cuisinier, ayant trop bu d'un coup,
Prit pour oison le cygne; et le tenant au cou,
Il allait l'égorger, puis le mettre en potage.
L'oiseau, prêt à  mourir, se plaint en son ramage.
          Le cuisinier fut fort surpris,
          Et vit bien qu'il s'était mépris.
« Quoi? je mettrais, dit-il, un tel chanteur en soupe!
Non, non, ne plaise aux dieux que jamais ma main coupe
          La gorge à qui s'en sert si bien! »
Ainsi dans les dangers qui nous suivent en croupe
          Le doux parler ne nuit de rien

Livre III, Fable XII

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