Chacun a son défaut, où toujours il revient:
Honte ni peur n'y
remédie.
Sur ce propos, d'un conte il me souvient:
Je ne dis rien que je
n'appuie
De quelque exemple. Un suppôt de Bacchus
Altérait sa santé, son esprit, et sa bourse :
Telles gens n'ont pas fait la moitié de leur course
Qu'ils sont au bout de
leurs écus.
Un jour que celui-ci, plein du jus de la treille,
Avait laissé ses sens au fond d'une bouteille,
Sa femme l'enferma dans un certain tombeau.
Là, les vapeurs du vin
nouveau
Cuvèrent à loisir. A son réveil il treuve
L'attirail de la mort à l'entour de son corps,
Un luminaire, un drap des
morts.
« Oh! dit-il, qu'est ceci? Ma femme est-elle veuve? »
Là-dessus, son épouse, en habit d' Alecton,
Masquée, et de sa voix contrefaisant le ton,
Vient au prétendu mort, approche de sa bière,
Lui présente un chaudeau propre pour Lucifer.
L'époux alors ne doute en aucune manière
Qu'il ne soit citoyen
d'enfer.
« Quelle personne es-tu? dit-il à ce fantôme.
- La cellerière du
royaume
De Satan, reprit-elle; et je porte à manger
A ceux qu'enclôt la tombe
noire. »
Le mari repart, sans
songer :
« Tu ne leur portes
point à boire?»
Livre III, Fable VII
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