Deux taureaux combattaient à qui posséderait
Une génisse avec
l'empire.
Une grenouille en
soupirait.
«Qu'avez-vous? » se mit à
lui dire
Quelqu'un du peuple
croassant.
- Eh! ne voyez-vous pas,
dit-elle,
Que la fin de cette
querelle
Sera l'exil de l'un; que l'autre, le chassant,
Le fera renoncer aux campagnes fleuries?
Il ne régnera plus sur l'herbe des prairies,
Viendra dans nos marais régner sur les roseaux j
Et nous foulant aux pieds jusques au fond des eaux,
Tantôt l'une, et puis l'autre, il faudra qu'on pâtisse
Du combat qu'a causé Madame la génisse. »
Cette crainte était de
bon sens.
L'un des taureaux en leur
demeure
S'alla cacher, à leurs
dépens:
Il en écrasait vingt par
heure.
Hélas! on voit
que de tout temps
Les petits ont pâti des sottises des grands.
Livre II, Fable IV -----
1 - Croasser se dit des corbeaux, coasser des
grenouilles
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