Une jeune souris, de peu d'expérience,
Crut fléchir un vieux chat, implorant sa clémence,
Et payant de raisons le Raminagrobis.
« Laissez-moi vivre:
une souris
De ma taille et
de ma dépense
Est-elle à charge
en ce logis?
Affamerais-je,
à votre avis,
L'hôte, l'hôtesse,
et tout leur monde?
D'un grain de blé
je me nourris :
Une noix me rend
toute ronde.
A présent je suis maigre; attendez quelque temps
Réservez ce repas à Messieurs vos enfants. »
Ainsi parlait au chat la souris attrapée.
L'autre lui dit:
« Tu t'es trompée:
Est-ce à moi que l'on tient de semblables discours ?
Tu gagnerais autant de parler à des sourds.
Chat, et vieux, pardonner! cela n'arrive guères.
Selon ces lois,
descends là-bas,
Meurs, et va-t'en,
tout de ce pas;
Haranguer les sœurs
filandières :
Mes enfants trouveront assez d'autres repas. »
Il tint parole.
Et pour ma
fable
Voici le sens moral qui peut y convenir :
La jeunesse se flatte, et croit tout obtenir;
La vieillesse est
impitoyable.
Livre XII, Fable V, Livre XII
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