Certain fou poursuivait à coups de pierre un sage.
Le sage se retourne, et lui dit: « Mon ami,
C'est fort bien fait à toi,
reçois cet écu-ci:
Tu fatigues assez pour gagner davantage.
Toute peine, dit-on, est digne de loyer.
Vois cet homme qui passe, il a de quoi payer;
Adresse-lui tes dons, ils auront leur salaire. »
Amorcé par le gain, notre
fou s'en va faire
Même insulte à l'autre bourgeois.
On ne le paya pas en argent cette fois.
Maint estafier accourt: on vous happe notre homme,
On vous l'échine, on
vous l'assomme.
Auprès des rois il est de pareils fous :
A vos dépens ils font rire le maîttre.
Pour réprimer leur
babil, irez-vous
Les maltraiter? Vous n'êtes pas peut-être
Assez puissant. Il faut
les engager
A s'adresser à qui peut se venger.
Livre XII, Fable XXII
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