Mère lionne avait perdu son faon. :
Un chasseur l'avait pris. La pauvre infortunée
Poussait un tel rugissement
Que toute la forêt était importunée.
La nuit ni son obscurité, .
Son silence et ses autres charmes,
De la
reine des bois n'arrêtaient les vacarmes :
Nul animal n'était du sommeil visité.
L'ourse enfin lui dit: « Ma commère,
Un mot sans plus : tous les
enfants
Qui sont passés entre vos dents
N'avaient-ils ni père ni mère?
- Ils en avaient. - S'i1 est ainsi,
Et qu'aucun de leur mort n'ait nos
têtes rompues,
Si tant de mères se sont tues,
Que ne vous taisez-vous
aussi?
- Moi, me taire! moi, malheureuse?
Ah! j'ai perdu mon fils! il me faudra traîner
Une vieillesse douloureuse!
- Dites-moi, qui vous force à vous y condamner?
- Hélas! c'est le destin, qui me hait. » Ces paroles
Ont été de tout temps
en la bouche de tous.
Misérables humains, ceci s'adresse à vous.
Je n'entends résonner que des plaintes frivoles.
Quiconque, en pareil cas, se croit haï des cieux,
Qu'il considère
Hécube, il rendra grâce aux dieux.
Livre X, Fable XII
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