Deux mulets cheminaient, l'un d'avoine chargé,
L'autre portant l'argent de la gabelle.
Celui-ci, glorieux d'une charge si belle,
N'eût voulu pour beaucoup en être soulagé.
Il marchait d'un pas
relevé,
Et faisait sonner sa
sonnette :
Quand, l'ennemi se
présentant,
Comme il en voulait à
l'argent,
Sur le mulet du fisc une troupe se jette,
Le saisit au frein et
l'arrête.
Le mulet, en se
défendant,
Se sent percer de coups ; il gémit, il soupire.
« Est-ce donc là, dit-il, ce qu'on m'avait promis ?
Ce mulet qui me suit du danger se retire ;
Et moi j'y tombe, et je
péris!
- Ami, lui dit son
camarade,
Il n'est pas toujours bon d'avoir un haut emploi:
Si tu n'avais servi qu'un meunier, comme moi,
Tu ne serais pas si
malade. »
Livre I, Fable IV
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