Jean de la Fontaine
Une fable au hasard


 
Les deux Mulets

Deux mulets cheminaient, l'un d'avoine chargé,
     L'autre portant l'argent de la gabelle.
Celui-ci, glorieux d'une charge si belle,
N'eût voulu pour beaucoup en être soulagé.
          Il marchait d'un pas relevé,
          Et faisait sonner sa sonnette :
          Quand, l'ennemi se présentant,
          Comme il en voulait à l'argent,
Sur le mulet du fisc une troupe se jette,
          Le saisit au frein et l'arrête.
          Le mulet, en se défendant,
Se sent percer de coups ; il gémit, il soupire.
« Est-ce donc là, dit-il, ce qu'on m'avait promis ?
Ce mulet qui me suit du danger se retire ;
          Et moi j'y tombe, et je péris!
          - Ami, lui dit son camarade,
Il n'est pas toujours bon d'avoir un haut emploi:
Si tu n'avais servi qu'un meunier, comme moi,
          Tu ne serais pas si malade. »

Livre I, Fable IV

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